dimanche 26 janvier 2020

Le dimanche de la Parole



Le 30 septembre dernier, mémoire de St Jérôme, et le jour même du 1600e anniversaire de sa mort, le pape François a institué qu’à partir d’aujourd’hui, le 3e dimanche du temps ordinaire serait désigné comme le dimanche de la Parole.  St Jérôme a été le premier traducteur de la Bible pour usage dans l’Église Catholique au IVe siècle.
Cette décision du pape n’est pas anodine.  Déjà lors de la conclusion du Jubilé de la Miséricorde, au mois de novembre 2016, le pape François avait exprimé le désir qu’un dimanche soit entièrement consacré à la Parole de Dieu, afin de « mieux comprendre l’inépuisable richesse qui provient du dialogue constant entre Dieu et son peuple. »
Ce que nous voulons mettre en évidence en ce dimanche c’est l’importance de la Parole de Dieu dans nos vies.  Certes, nous entendons des textes tirés des Saintes Écritures à chaque dimanche, mais il faut aussi savoir que sur une période de trois ans, nous n’entendons qu’une petite partie des 72 livres de la Bible.  C’est donc dire qu’on ne peut vraiment dire que la Parole de Dieu est importante pour nous si nous nous contentons de venir à la messe du dimanche…
Il faut aussi ajouter que pour nous, Catholiques, ce n’est pas seulement la Bible, le livre des Saintes Écritures, qui est important.  De fait, on n’a jamais vu dans nos bancs des Bibles pour votre usage personnel; des Bibles que le prêtre pourrait vous demander de prendre en main pour aller chercher des passages précis…  Nous, ici, nous utilisons un Lectionnaire.  Dans le Lectionnaire, les textes principaux des Saintes Écritures sont répartis tout au cours de l’année dans l’ordre et le désordre.  Il y a certes un plan, mais ce plan ne ressemble absolument pas à la Bible que nous avons à la maison.

La raison est assez simple : nous, Catholiques, nous sommes le Peuple de Dieu qui entend la Parole de Dieu.  Le verbe utilisé ici est intentionnel.  Nous ‘entendons’ la Parole de Dieu parce que nous ‘l’écoutons’ avec nos oreilles.  Si donc nous entendons et nous écoutons la Parole de Dieu c’est parce qu’elle est d’abord et avant tout PROCLAMÉE.  La Parole de Dieu n’est pas seulement ‘lu’, elle doit être proclamée.  Nos lecteurs, le diacre, les prêtres, nous ne faisons pas seulement ‘lire’ les lectures;  nous proclamons la Parole de Dieu.  Nous la proclamons pour que vous puissiez l’entendre et que l’ayant écouté, vous pouviez en être inspiré pour la mettre en pratique dans vos vies.
C’est la raison pour laquelle nous ne portons pas une attention trop importante au Lectionnaire.  Il s’agit bien d’un livre important mais il est important dans la mesure où il est bien utilisé.  Une fois que la Parole de Dieu a été entendue, il est d’usage qu’on peut mettre de côté le Lectionnaire sans pour autant manquer de respect à la Parole qui a été lu.  Pourquoi?  Parce qu’une fois que la Parole de Dieu a été proclamée, entendue, accueillie, il ne reste plus qu’à la mettre en pratique.  Le livre a accompli sa mission dans la mesure où la vibration des mots qui ont été proclamés produit en vous le désir de faire le bien.  Ainsi donc, si vous vous endormez pendant les lectures, ou bien si vous n’arrivez pas à entendre les lectures à cause du mauvais système de son, on manque notre coup – totalement.
Évidemment, on ne cherche pas seulement à être gentil à l’église.  On n’enseigne pas seulement qu’il faut être patient et bon les uns avec les autres.  On n’a pas besoin de venir à l’église pour ça, on peut très bien le faire à la maison.  Si on vient à l’église pour entendre, écouter et accueillir la Parole de Dieu c’est ultimement pour accueillir celui qui s’offre à nous dans sa Parole, c’est-à-dire Dieu et le Seigneur Jésus, le Verbe incarné.  C’est la Parole de Dieu, après tout!
D’ailleurs le pape François écrit : « La Bible parle du Christ et l’annonce comme celui qui doit traverser les souffrances pour entrer dans la gloire (cf. v. 26). Ce n’est pas une seule partie, mais toutes les Écritures qui parlent de Lui. Sa mort et sa résurrection sont indéchiffrables sans elles. C’est pourquoi l’une des confessions de foi les plus anciennes souligne que « le Christ est mort pour nos péchés conformément aux Écritures, et il fut mis au tombeau ; il est ressuscité le troisième jour conformément aux Écritures et il est apparu à Pierre » (1 Co 15, 3-5). Puisque les Écritures parlent du Christ, elles permettent de croire que sa mort et sa résurrection sont vraies et sont le cœur de notre foi.
En deux mots : nos souffrances personnelles sont les souffrances de Jésus.  Sa mort devient notre mort.  Sa vie devient notre vie.  Son histoire devient notre histoire.  Et c’est parce que Jésus est mort et ressuscité que nous croyons que nous aussi nous allons mourir et ressusciter.  Cette vérité est tellement belle, elle est tellement vraie, que nous allons la répéter semaine après semaine, nous allons l’accueillir dans notre cœur afin de la mettre en pratique toujours un peu plus dans nos vies.



mercredi 1 janvier 2020

Le cadeau du temps - 1er janvier 2020


Un ancien paroissien d’une paroisse où j’ai été curé m’a fait sourire cette semaine en me souhaitant la bonne année.  Il m’a dit : « Il va falloir aller chez l’oculiste cette année. »  Et pourquoi?  « Parce que c’est l’année 20/20. »  J’ai bien rit.
Blague à part, c’est difficile de croire qu’on vient de tourner la page sur une autre décennie…  Il me semble qu’il n’y pas si longtemps c’était encore 2009….  Comme le temps passe vite.  C’est bien mystérieux le temps, n’est-ce pas?  On dirait qu’on n’en a jamais assez.  Les journées passent de plus en plus vite au fur et à mesure qu’on vieilli.  Par le temps qu’on a 80 ans le temps passe à la vitesse de l’éclair et on réalise soudainement qu’on approche de la mort.

On aimerait bien pouvoir ralentir le temps.  Ça nous donnerait la possibilité de faire plus, avec moins.  D’ailleurs, nos parents ne nous disaient-ils pas quand on était petit et qu’on avait un travail à faire : « Prends ton temps. »  Comme si le temps avait quelque chose à voir avec le travail qu’on a à faire…  « Prends ton temps » ça voulait dire « fais attention à ce que tu fais».  On dit que l’empereur romain Auguste avait choisi comme adage l’expression latine « festina lente » qui se traduit textuellement par « hâte-toi lentement. »  L’empereur aurait voulu indiquer que sur le champ de bataille rien ne peut être plus nuisible à une armée que la témérité et l’imprudence.
Nous tournons la page sur l’année 2019 et nous entreprenons une nouvelle année et une nouvelle décennie.  Cela a l’avantage de nous donner la possibilité de faire un sérieux examen de conscience par rapport à notre vie spirituelle.  Quelle est la tendance à long terme de la vie de mon âme?  Est-ce que je me relâche ou je me fortifie?  Est-ce que ma relation avec le Christ s’approfondie ou bien elle se refroidie?  Est-ce que la Bonne Nouvelle de Jésus Christ s’incarne concrètement dans ma vie ou bien je la vit de manière superficielle?
Peut-être pourrions-nous prendre en exemple la Vierge Marie, la mère de Jésus, la mère du Fils de Dieu pour juger sincèrement de notre progrès spirituel.  St Luc nous rapporte au moins à deux reprises que la mère de Jésus retenait tous les événements de la vie de son fils dans son cœur et les méditait.  Quand nos parents nous disaient « prends ton temps » ou bien « hâte-toi lentement », c’était là le premier pas qui nous amène à une vraie contemplation et méditation sur notre propre vie, comme l’a fait la Vierge Marie.

Le temps est le cadeau de Dieu pour nous.  Et Jésus a voulu venir vivre avec nous dans le temps pour le transformer.  Il a donné une valeur éternelle à chaque petit moment de sa vie terrestre.  En venant parmi nous il nous a enseigné la valeur du temps comme étant l’instant qui nous unit à l’éternité.  Hier n’est plus.  Demain n’est pas encore.  La seule chose sur laquelle je peux avoir un réel impact est le moment présent. 
Présentement, vous êtes ici à l’église.  Vous ne pouviez mieux utiliser cet instant présent.  Mais vous ne pouvez rester ici toute la semaine.  Vos familles vous attendent, vos responsabilités vous appellent.  Cependant, cet instant que vous passez ici trace la route vers une meilleure utilisation du temps.  Car en définitive, personne ne reçoit plus de temps qu’un autre.  Nous recevons tous le même cadeau, le cadeau du temps.  Mais qu’en faisons-nous?

Car il faut bien utiliser le temps.  Il faut bien l’utiliser et il faut aussi savoir le partager.  La Vierge Marie peut encore nous donner l’exemple : elle a été présente auprès de son fils du début de sa vie jusqu’à la fin.  On n’en sait pas beaucoup à son sujet, mais on en sait suffisamment pour savoir qu’elle recevait le cadeau du temps de la même manière qu’elle avait reçu le cadeau de son fils : « elle conservait tous les événements dans son cœur. » 
Lors de la Veillée pascale à chaque année, nous marquons le cierge pascal en annonçant solennellement : « Le Christ, hier et aujourd’hui. Commencement et fin de toutes choses, Alpha et Omega », et puis en gravant les 4 chiffres de l’année en cours il annonce : « à lui, le temps; et l’éternité; à lui la gloire et la puissance, pour les siècles des siècles.  Amen. »
Nous avons débuté une nouvelle année.  Puisse-t-elle se dérouler sous la protection de notre mère du ciel, la mère de Dieu, la mère de Jésus, notre mère et la gardienne du temps.  Amen.