samedi 25 juillet 2020

Créons des liens - messe d'au revoir


(1er livre des Rois 3,5.7-12)
(Matthieu 13,44-52)
Créer des relations signifiantes est un des secrets pour vivre une vie heureuse.  Ces relations commencent évidemment à l’intérieur de la famille.  La relation change au fur et à mesure que le temps passe, mais dès le moment de la conception dans le sein de la mère (ou au moment de la confirmation de la conception) il y a un lien qui se crée et que rien ne pourra défaire.
Il y a aussi les relations d’amitié que nous tissons les uns avec les autres au fil des années.  Certaines de ces amitiés ne durent qu’un temps, d’autres peuvent durer des années, voire des décennies.  Nous changeons, nos amis changent et il y aura toujours des ajustements.
Il y aussi bien sûr les relations amoureuses.  Elles suscitent les sentiments les plus forts chez l’être humain.  Elles peuvent construire ou bien détruire.  Elles peuvent élever l’âme ou lui faire beaucoup de mal.  Toujours est-il, c’est naturel pour l’être humain d’aimer et d’être humain, même au prix de souffrances.  Elles seront toujours semences d’un bonheur plus grand.
Enfin, il y a des relations professionnelles qu’on établit avec des collègues de travail.  Quand on change d’emploi, la plupart de ces liens vont cesser mais ils peuvent aussi parfois continuer dans le temps.
J’ai comme l’impression qu’au cours des 5 dernières années, vous et moi, nous avons établi des liens qui sont un peu des quatre relations (à part la relation amoureuse – je crois).  Nous avons au départ établi une relation professionnelle qui, dans certains cas s’est transformé en amitié et voire même en relation quasi-familiale.
En effet, quand dans une relation professionnelle on en vient à partager des moments aussi intimes que les naissances, les rites de passage, les moments marquants de la vie, jusqu’au vieillissement et éventuellement la mort, on en vient presque à faire partie d’une même famille.  N’est-ce pas d’ailleurs ce que devrait être une paroisse : une famille, une famille spirituelle certes, mais une famille quand même?
J’ai le cœur un peu gros ce matin car il me faut vous dire au revoir.  Je ne crois pas que ce soient des adieux.  Je me base sur le fait que la plupart de mes prédécesseurs ont gardé des liens à différents degrés avec vous.  Pourquoi pas moi?
Pour être honnête avec vous, je ne comprends pas très bien pourquoi les événements se produisent de cette manière. Pourquoi est-ce nécessaire pour moi de vous quitter alors que nous étions sur l’air d’aller.  Je connais plusieurs d’entre vous sur deux ou trois générations, pourquoi ne pas continuer à capitaliser sur cet atout pour les années à venir?
Cependant, comme je le disais la semaine dernière, je vous ai donné mon 110%, surtout depuis six mois.  Je ne vois pas comment je pourrais faire mieux dans l’avenir.  Si je restais ici, peut-être que je ne m’améliorerais pas vraiment; et pour vous, peut-être que la vie deviendrait trop facile avec moi.
J’aimerais vous remercier encore une fois de m’avoir ouvert votre cœur durant ces 5 années.  Vous ne l’avez pas fait tout de suite au début, mais nous avons appris à grandir ensemble et nous avons fait un beau bout de chemin.  C’est le temps de passer le flambeau à quelqu’un d’autre et je suis certain que vous allez accueillir le P. Didier et tous les autres qui viendront après comme vous m’avez accueilli moi et tous les autres qui sont passés avant moi.
J’aimerais bien moi aussi, comme vous, continuer à bâtir le Royaume des Cieux sur la terre en m’inspirant des enseignements de Jésus dans l’évangile.  J’aimerais bien, moi aussi, comme vous, adresser à Dieu la prière de Salomon dans la première lecture : je ne demande pas de vivre de longs jours ou bien la richesse et je ne désire pas le malheur pour ceux qui m’aiment moins.  Comme vous, je demande le discernement, l’art d’être attentif et de bien gérer pour m’occuper d’un peuple très nombreux que je dois apprendre à connaître.
Après tout, le secret du bonheur est de créer des relations, alors, créons-en!

(Cette homélie est la dernière que je publie sur cette page.  Je vous remercie de votre fidélité durant toutes ces années)

samedi 11 juillet 2020

La semence, la pluie et nous



(Isaïe 55,1-10)
(Romains 8,18-23)
(Matthieu 13,1-23)
Non mais y as-tu fait chaud un peu cette semaine!  Presque 37 degré celsius vendredi.  Il faisait tellement chaud que la peau me fondait sur le corps.  Quiconque ose prétendre qu’il n’y a pas de changement climatique ferait mieux de réviser leur position car, au train où vont les choses, il va falloir quitter notre planète pour aller s’établir sur la lune ou sur mars tellement il faut chaud!....  Oui c’est vrai, je ne parlerai pas comme ça au mois de janvier.  J’ai toujours tendance à exagérer.  En tout cas, les cultivateurs sont nerveux.  J’ai entendu des commentaires à l’effet que s’il ne pleut pas d’ici quelques jours, plusieurs récoltes pourraient être compromises.  Si vous le voulez bien, je vous propose une interprétation écologique et environnementale des textes de ce jour.  Je m’inspire d’ailleurs d’une suggestion de Georges Madore qu’il l’a proposé récemment.
Le fait est que les trois lectures font référence à la nature.  La pluie qui féconde la terre en première lecture (et Dieu sait si on en a besoin de la pluie!); la pluie qui bénit dans le psaume; la création qui gémit dans les douleurs d’un enfantement dans la 2e lecture et enfin, la semence répandue qui est à la merci de la terre qui la reçoit dans l’évangile.
Je vous propose de voir ici un parallèle entre l’écologie de la terre et l’écologie de la foi : les deux sont un don de Dieu, mais les deux sont aussi à la merci de notre liberté.  Et c’est bien la liberté qui est mise en évidence ici, aussi bien dans le domaine de la foi que dans le domaine de l’écologie responsable.  On ne peut pas ‘imposer’ la pratique et l’expression de la foi.  On ne peut que la proposer pour qu’elle soit ensuite choisie.  De même, on ne peut pas seulement ‘imposer’ des mesures coercitives pour essayer de changer les choses dans le domaine de l’environnement, car alors, il n’y aura aucun changement sur le fond.

Comme le disait si bien le pape François, ‘tout y est lié’.  On ne peut pas penser prendre soin de l’environnement de manière authentique si on ne se rappelle pas les injustices flagrantes qui affligent une partie de l’humanité.  Les inégalités entre pauvres et riches sont aussi scandaleuses que l’esprit de consommation des pays riches qui menacent précisément notre environnement.  Et on ne peut pas prendre soin de la terre si on n’a aucune considération pour celui qui l’a créé : Dieu.

Voyez comment les lectures de ce dimanche prennent une signification quasi universelle quand on les comprend d’une manière globale.  La pluie du ciel tombe et fait porter du fruit au sol.  Ainsi la Parole de Dieu tombe du ciel et nous fait porter du fruit par nos bonnes actions d’inspiration évangélique.  La création passe par un enfantement qui se continue encore aujourd’hui, comme pour indiquer que rien n’est perdu si on y met du nôtre.  Dans l’évangile, le semeur c’est Dieu qui sème généreusement et qui ne regarde même pas sur quel type de sol la semence se dépose.  Nous on appellerait ça du gaspillage, mais pour le semeur, il démontre lui une confiance exceptionnelle envers les capacités du sol à porter du fruit.
Et on l’aura compris, nous, nous sommes le sol qui reçoit la semence.  Serons-nous le bord du chemin, le sol pierreux, les ronces ou bien la bonne terre?  La réponse est à nous : la semence s’en vient, la pluie aussi, puissions-nous porter du fruit!

samedi 4 juillet 2020

Restons petits et nous serons heureux. (Matthieu 11,25-30)


(Zacharie 9,9-10)
(Matthieu 11,25-30)
Auriez-vous besoin d’un petit remontant ce matin par hasard?  Un petit remontant durant le temps des vacances et en temps de pandémie?  Quelque chose comme une bonne limonade fraiche?  Ou un Milkshake bien brassé?  Ou encore un smoothie santé, ou bien un bon café matinal?  Ou encore une bonne bière froide?  Eh bien, Jésus nous offre ce petit remontant ce matin en nous offrant trois affirmations qui nous consolent et nous réconfortent.

À titre d’introduction, je ne peux pas m’empêcher de souligner que le verset 10 du chapitre 9 du livre de Zacharie en première lecture est un passage qui reproduit mot pour mot le psaume 72 verset 8 : « Sa domination s’étendra d’une mer à l’autre. »  Comme vous le savez, ce verset du psaume 72 a fait son chemin jusque dans les armoiries de notre pays : a mari usque ad mare – d’un océan à l’autre. Quand Zacharie parle d’un roi qui établira la paix entre les nations, il utilise le passage d’un psaume dont on attribue la composition au grand roi David.  Alors que nous venons juste de célébrer la fête du Canada, il me semble que ça fait du bien de savoir que les promesses messianiques nous concernent nous aussi personnellement ici au Canada.  Bien… une fois que l’introduction est faite, passons maintenant aux trois petits remontants de Jésus dans l’évangile.

Le premier : « ce qui est caché aux sages et aux savants, est révélé aux tout-petits ».  Et le verset de l’acclamation à l’évangile ajoute que ce sont les mystères du Royaume qui leur sont révélés.  Ne pourrions-nous pas faire un lien avec la promesse du Seigneur dans le livre de Zacharie qui nous annonce la paix d’un bout à l’autre du pays?  Et n’est-ce pas vrai que ce ne sont jamais les tout-petits qui font la guerre mais ceux qui se pensent grands et forts?  Alors, restons petits et nous serons heureux.
Deuxième petit remontant : « Personne ne connait le Fils, sinon le Père, et personne ne connait le Père, sinon le Fils, et celui à qui le Fils veut le révéler. »  Ici, Jésus nous dit que ça ne sert à rien de jouer les savants et les forts car c’est lui qui a choisi à qui il veut se révéler et il vient juste de nous dire qu’il se révèle aux tout-petits.  Alors, restons petits et nous serons heureux.
Troisième petit remontant, Jésus dit : « Venez à moi, vous tous qui peinez sous le poids du fardeau, et moi, je vous procurerai le repos.  Prenez sur vous mon joug, devenez mes disciples, car je suis doux et humble de cœur.  Oui, mon joug est facile à porter et mon fardeau, léger. »  Deux choses ici : primo, le fardeau que nous avons à porter, Jésus le porte avec nous car il s’agit bien de son joug à lui et secondo, quand nous aurons fini de le porter ce joug, Jésus nous attend pour nous consoler, nous réconforter et nous récompenser.  Alors, restons petits, portons notre fardeau, et nous serons heureux.