samedi 28 mars 2020

Ne pas dire: "Si seulement j'avais su!" (Jean 11,1-45)


Attribution: Superman Fights Coronavirus by Rick McKee, CagleCartoons.com

J’ai vu cette caricature sur internet cette semaine et ça m’a fait bien rire.  Vous voyez ici Superman assis confortablement dans son salon.  Une dame qu’on peut imaginer être sa mère lui adresse un reproche sur un ton un peu agressif en lui demandant s’il ne pourrait pas faire quelque chose pour combattre le virus COVID-19.  Superman répond en disant : « Mais je fais quelque chose ».  Il a en main un journal dont la manchette en première page dit : « Restez à la maison. »  C’est sympa non?
Nos superhéros ces jours-ci ce sont les professionnels de la santé qui s’occupent de nos malades atteints du virus.  Leur dévouement n’a pas d’égal.  On peut prier pour eux ce matin.
Jésus aussi joue aux superhéros dans l’évangile.  Nous avons ici un des textes les plus spectaculaires de tous les évangiles!  Peut-il y avoir quelque chose de plus extraordinaire que de faire ressusciter un mort?  Et de le ramener à la vie 48 heures après son décès?  Et après qu’il ait été déposé dans sa tombe?  Et que l’odeur de la mort se fait sentir?  De fait, dans l’évangile selon St Jean la résurrection de Lazare représente le point de non-retour pour Jésus.  À partir de ce moment, ses ennemis vont définitivement avoir décidé de son sort.  Il est fini.
Est-ce pour cela que Jésus hésite à aller voir son ami?  En tout cas, l’attitude de Jésus est étonnante.  Mettons-nous à la place de Marthe et Marie qui envoient un messager dire à Jésus que son ami Lazare est mourant.  Ce messager revient et dit à la famille : « Je ne sais pas trop.  Il avait pas l’air pressé. »  Mettons-nous à la place de Lazare aussi!  Il sait qu’on est allé aviser Jésus.  Il sait que Jésus sait qu’il est mourant.  Il fait un effort pour l’attendre parce qu’il sait que Jésus pourrait le sauver.  Mais Jésus n’arrive pas.  Quelle effroyable agonie!
Parfois dans la vie on dit : « Si j’avais su! »  Combien de fois l’avez-vous dit et pour combien de circonstances différentes?  Pensez-y.  Je ne donne même pas d’exemple… « Si seulement j’avais su. » Jésus ne pouvait pas dire en arrivant chez son ami Lazare 48 heures après sa mort : « Si j’avais su! »  Il n’avait même pas besoin de le dire.  Jésus savait ce qu’il faisait depuis le début.  Il voulait tester la foi de Marthe et Marie.  Mais à quel prix pour le pauvre Lazare?

Cependant, une fois que le miracle est accompli, plus personne dans le foyer de Béthanie ne va mettre en doute les intentions de Jésus.  Tout le monde comprend que cet événement prodigieux était destiné à prouver que Jésus est Maître de la vie et de la mort.  Jésus est prophète ici.  Il parle de sa propre mort.
Depuis trois semaines déjà les autorités sanitaires nous cassent les oreilles en nous disant de rester à la maison.  La raison est simple : le seul moyen de nous protéger contre ce virus aux conséquences dévastatrices, c’est précisément de rester à la maison.
Dans un mois, ce serait dommage que vous et moi on se mette à dire : « Si seulement j’avais su! »  Parce que c’est un fait que… nous savons.
Vous et moi, nous pourrions être des superhéros comme Superman dans la caricature.  Vous et moi nous pourrions faire un acte de foi semblable à celui de Marthe et Marie (malgré leur doute) pourvu que nous mettions en pratique cette parole toute simple : « Restons à la maison. »

samedi 21 mars 2020

Poser des questions et y répondre... (Jean 9,1-41)


Vous rappelez-vous l’époque où ce n’était pas bien vu de trop poser de questions dans l’Église?  Quand quelqu’un demandait : « Pourquoi c’est comme ça? », on l’interprétait comme une manière de mettre en doute le status quo.  C’était comme si on nous disait : « Si tu as la foi, pose pas de question! »

Or, ce n’est pas vraiment le parcours de l’aveugle-né dans le texte de l’évangile que nous venons d’entendre.  Car ce pauvre type est malmené de tous bords et de tous côtés.  Tout le monde lui pose des questions, parfois la même deux fois plutôt qu’une, et lui-même en a une ou deux.  Le plus étrange cependant c’est que ces questions bien loin de le faire sombrer dans le doute sur lui-même et sur ce qui lui arrive, le font plutôt approfondir sa foi…  Voyez par vous-même : au début du récit il désigne Jésus simplement par le terme « l’homme qu’on appelle Jésus » mais à la toute fin du récit, quand Jésus lui demande : « Crois-tu au Fils de l’homme? »  Il finit par le reconnaitre et proclame : « Je crois, Seigneur! »  Jésus n’est plus seulement un type quelconque, il est devenu son maitre et son Seigneur.  Ils se connaissent mutuellement.
Ce que ce récit nous montre c’est qu’il n’y a rien de mieux dans la vie que de se poser des questions.  C’est bien de se poser des questions par rapport à nous-mêmes : « Est-ce que je suis vraiment la personne que je désire être? »  « Quelles sont mes forces?  Quelles sont mes faiblesses? »  C’est important aussi de laisser les autres nous remettre en question.  Parfois, une personne qui nous connait bien a le mot juste pour nous remettre sur le droit chemin quand on en a de besoin.  Et enfin, parfois il ne faut pas avoir peur de nous-mêmes poser des questions en fonction des événements de la vie. Ce qui est en jeu ici, c’est de se connaitre vraiment personnellement.  Ç’a fait du bien de se connaitre soi-même.
C’est ce qui arrive à l’aveugle-né.  Plus on lui pose des questions, plus il se rend compte que Jésus doit être quelqu’un de spécial.  Quand il constate que les Pharisiens ne comprennent pas et ne veulent pas comprendre, quand il constate que sa propre famille a peur, il passe de l’indifférence à une profession de foi pleine de vigueur.  Parfois, ç’a fait du bien de poser des questions et de faire un effort pour y trouver des réponses.
Présentement, il y a beaucoup de monde qui se posent des questions par rapport à la menace du virus Covid-19.  Certains vont même jusqu’à remettre en question la pertinence des mesures draconiennes que le gouvernement impose à  la population.  On questionne et on met en doute.  Or, j’ai été surpris de voir sur facebook le témoignage d’un citoyen du nord de l’Italie qui a survécu au coronavirus et qui offre un plaidoyer percutant par rapport à son expérience.  Il dit : « Contrairement à ce que certaines personnes prétendent, ce virus n’est pas seulement une grippe.  C’est quelque chose qui prend possession de tout ton être et qui prend tes poumons.  Il y a trop d’ignorance par rapport à ce virus, dit-il.  Comment peux-tu vaincre ce que tu ne connais pas? »  Il a bien raison ce monsieur, comment peut-on vaincre l’ennemi qu’on ne connait pas…  C’est bien vrai. 
À l’heure actuelle de grands sacrifices sont imposés à chacun et à chacune d’entre nous.  On n’a pas encore vu le pire de la pandémie.  À défaut de ne pas connaitre l’ennemi, il faut se protéger.  Et dans un autre ordre d’idées (totalement), si on réalise à un moment donné ou l’autre dans notre vie que la personne de Jésus nous fait beaucoup plus de bien qu’on le pensait au départ, c’est peut-être le temps pour nous de nous rapprocher de lui.  L’aveugle-né l’a fait et il peut enfin dire : « Jésus, je te connais. »

dimanche 15 mars 2020

Avoir soif! (ou bien, le virus corona n'aura pas le dernier mot)


Avez-vous déjà eu soif?  Vraiment soif?  Au point d’avoir la bouche sèche?  En plein été?  Durant la canicule?  « Si seulement je pourrais avoir de l’eau, » pensiez-vous.  Même de l’eau pétillante à saveur de fruit, vous connaissez?  Une eau pétillante, bien fraîche.

La Samaritaine qui se présente au puits au moment le plus chaud de la journée avait probablement soif.  En tout cas, elle avait besoin d’eau.  Jésus aussi doit avoir soif.  Lui aussi se présente au puits.  Dans leur soif respective se dégage une rencontre qui dévoile une autre soif plus profonde : la soif de la Samaritaine pour l’amour vrai et la soif de Jésus d’offrir cet amour à quiconque voudra bien l’accueillir.
Nous vivons présentement une période stressante pour la vie de chacun et de chacune d’entre nous.  Des personnes âgées s’inquiètent pour leur bien-être physique, des parents s’inquiètent pour leurs enfants de même que pour leurs parents.  D’autres pensent peut-être que les mesures prises sont exagérées.  D’une manière ou l’autre, notre vie quotidienne est bouleversée, notre routine est sens dessus dessous.  Nous vivons dans l’incertitude par rapport au lendemain, voire même dans l’anxiété.
Pour vous qui êtes ici tous les dimanches, l’idée qu’on puisse vous priver de l’Eucharistie alors que vous en avez le plus besoin est pour le moins déconcertante.  C’est un sacrifice difficile à accepter.  Après tout, quand on a soif, on veut boire!
J’aimerais vous dire ce matin que la soif spirituelle ne se rassasie pas de la même manière que la soif du corps physique.  Pour le corps, tant qu’on n’a pas de l’eau, notre soif n’est pas rassasiée.  Pour l’esprit, pour l’âme, c’est différent.  Écoutez-moi bien : le seul désir spirituel peut compenser le manque; oui, le seul désir spirituel peut compenser le manque.  Car Dieu ne regarde pas comme les hommes, Dieu regarde le cœur.  Si vous désirez intensément quelque chose, le Seigneur le sait, lui.

Ainsi donc, vous avez soif de célébrer l’Eucharistie.  Vous êtes peinés et désorientés que cela ne soit pas possible. Vous vivez un moment difficile qui vous cause du stress et vous vous voudriez pouvoir rencontrer Jésus.   Eh bien, vous pouvez très bien le faire dans le secret à partir de la maison et désirer communier avec Jésus de manière spirituelle, dans votre cœur.  C’est ce qu’on appelle faire une communion spirituelle.
Alors, avez-vous soif?  Désirez-vous rencontrer Jésus?  Désirez-vous le recevoir?  Alors disons ensemble cette belle prière composée par St Alphone de Liguori au 17e siècle :
Mon Jésus, je crois à votre présence dans le Très Saint Sacrement.
Je vous aime plus que toute chose et je désire que vous veniez dans mon âme.
Je ne puis maintenant vous recevoir sacramentellement dans mon cœur : venez-y au moins spirituellement.
Je vous embrasse comme si vous étiez déjà venu, et je m’unis à vous tout entier.
Ne permettez pas que j’ai jamais le malheur de me séparer de vous.  Amen.