dimanche 31 mai 2020

"Viens Esprit Saint!" Pentecôte 2020


(Actes 2,1-11)
(1ère Corinthiens 12, 3b-7.12-13)
(Jean 20,19-23)

Vous avez peut-être déjà vu certaines personnes profiter de la fête de Noël à chaque année pour chanter ‘bonne fête’ à Jésus.  Si le 25 décembre c’est le jour de sa naissance, ça parait être une bonne idée.  Jésus serait très, très vieux – 2000 ans et plus... beaucoup de chandelles sur son gâteau…
Eh bien, en ce dimanche de la Pentecôte nous pourrions très bien décider de chanter une autre fois la mélodie ‘bonne fête’ car aujourd’hui on dit que c’est la fête de l’Église.  Aujourd’hui, jour de Pentecôte, c’est le jour précis où l’Église de Jésus-Christ a commencé à exister.  Aujourd’hui c’est le jour où l’Église, représentée par les Apôtres, reçoit la force de l’Esprit-Saint pour l’annonce de l’évangile.  C’est un jour très important pour nous et j’aimerais vous raconter pourquoi en trois points.

Le premier : la force de l’Esprit Saint est pour tous les peuples.  On nous explique cela dans la première lecture.  Ce n’est pas anodin quand on nous dit que tout le monde pouvait comprendre les Apôtres annoncer la Bonne Nouvelle dans leur propre langue, leur propre dialecte.  Le mot dialecte ici en grec ne doit pas être compris comme nous on le comprend aujourd’hui, on doit plutôt le comprendre comme signifiant que tous les groupes linguistiques, même les plus petits, peuvent comprendre ce qui est dit.  Luc n’écrit pas que tout le monde comprenait ce qui était dit par les Apôtres qui parlaient probablement l’hébreu ou le grec ce jour-là.  Non.  Les gens comprenaient comme si les Apôtres avaient connu leur propre dialecte.  Première conclusion : l’Esprit-Saint souffle où il veut, même pour des gens qui ne nous ressemblent pas trop.
Deuxièmement : à partir du moment où on peut dire « Jésus est Seigneur » on comprend que l’Esprit-Saint est là pour nous en fonction de nos habiletés personnelles, nos besoins personnels ou ceux des gens de notre entourage.  St Paul l’écrit aux Corinthiens : il y a plusieurs dons (en grec, Paul les appelles ‘des charismes’), plusieurs services (en grec, Paul utilise le même mot qui nous a donné le mot ‘diacre’), plusieurs activités (en grec, Paul les comprend comme la mise-en-œuvre du désir de servir).  Dans tous les cas, Paul écrit, c’est toujours le même Esprit qui agit, en vue du bien de tous.  Deuxième conclusion : c’est quoi votre don à vous? C’est quoi votre charisme? La prière? l’accueil? la parole? l’écoute? l’organisation? le discernement des cœurs?   C’est quoi le service que vous pouvez apporter à votre entourage?  Le service des petits-enfants?  Des ados?  Des jeunes adultes en quête de sens?  Des personnes âgées?  Aimez-vous le service du culte à l’église?  Aimez-vous être au service des gens dans le besoin?  Les visites à domicile ou dans les hôpitaux?  Enfin bref, comment pourriez-vous contribuer à la mise-en-œuvre d’une activité, d’un service, pour faire une différence?

Troisièmement : l’Esprit-Saint nous fait sortir du confinement.  Dans la page de l’évangile on se rend compte que le don de l’Esprit-Saint remplace la crainte et la peur par… la paix.  L’Esprit-Saint remplace le chagrin et la peine par… la joie.  L’Esprit-Saint remplace le repliement sur soi-même à cause de l’expérience du péché et de nos limites par… l’audace, l’envoi et le pardon.  Parce qu’n a toujours une deuxième chance.
Le mot de la fin ce matin se veut être une parole de reconnaissance pour le don que l’Esprit-Saint nous a donné cette année en la personne du séminariste Francis.  Il est avec nous depuis le mois d’août dernier.  Il est venu pour faire une expérience de cheminement avec les élèves de l’école Le Relais, son expérience s’est soudainement transformée en expérience de guerre de tranchées en temps de pandémie.  L’Esprit-Saint a agi à travers Francis pour le bien de tous.  Merci Francis.  Tu lances maintenant la balle à tous ceux et celles qui nous écoutent : pouvons-nous faire une différence?

samedi 23 mai 2020

L'Ascension du Seigneur


(Actes 1,1-11)
(Matthieu 28,16-20)

Pour comprendre la portée de la solennité du jour, celle de l’Ascension du Seigneur au ciel, il va nous falloir apporter quelques éclaircissements par rapport à notre conception du monde.  Vous vous rappelez tous la télésérie Star Trek, qui a été très populaire dans les années 60?  Vous vous rappelez un des effets spéciaux les plus spectaculaires de la télésérie – celui de la téléportation?  C’était de la science-fiction mais on comprend le principe : comme on ne pas peut être présent à deux endroits en même temps, la téléportation nous permet de nous déplacer dans le temps et l’espace de manière accéléré en interrompant les lois de la matière.
L’Ascension du Seigneur au ciel est tout sauf ça!  Et pourtant, c’est bien là la manière naturelle de la comprendre… En son Ascension Jésus pourrait donner l’impression de monter au ciel comme une soucoupe volante.  On le regarderait s’élever d’en bas pendant que lui nous regarderait d’en haut…  C’est d’ailleurs comme ça que le décrit St Luc dans la première lecture tiré du livre des Actes des Apôtres.  Notez cependant comment dans l’évangile selon St Matthieu il est nulle part mention que Jésus serait monté vers le ciel…  Les versets que nous avons entendu dans l’évangile sont effectivement les derniers versets de l’évangile et ici Jésus nous dit : « je suis avec vous tous les jours jusqu’à la fin du monde. »  Mais alors, c’est quoi l’Ascension?
Pour y répondre, il faudra que je m’inspire de quelques explications offertes par Mgr Robert Barron, le célèbre évêque américain, qui nous explique que la conception du monde pour les Juifs (le peuple auquel s’adressait Matthieu dans son évangile) est totalement différente de la nôtre.  Pour nous, le ciel est synonyme de cosmos, de constellations, d’étoiles et d’univers insoupçonné.  Pour un Juif religieux, le ciel est le lieu où se trouve Dieu et ses anges.  L’espace entre le ciel et la terre est le canal par lequel passe la vie qui unit les deux mondes.  Bref, nous ne sommes pas dans le domaine de la science astronomique mais bien dans le domaine de la foi.
Et le domaine de la foi, qu’elle soit la foi juive ou la foi chrétienne, est de nous rappeler que nous sommes aimés et que nous sommes sauvés par l’amour que Dieu nous offre à nous son Peuple.  Cette annonce passe par la recherche quotidienne qui est la nôtre de comprendre et d’accepter la volonté de Dieu comme nous le prions si bien dans la prière du Notre Père : « que ta volonté soit faite sur la terre comme au ciel. »  La terre et le ciel sont unis dans un destin commun - celui du lieu où s’accomplit la volonté du Seigneur.
Et ainsi, il n’y a aucune recherche d’une fuite du monde de notre part, ou même de la part du Seigneur Jésus, car ce que nous cherchons ultimement est que la volonté du Seigneur soit faite sur la terre comme au ciel.   En fait, Jésus retourne bien vers son Père mais c’est pour mieux être présent parmi nous comme il le promet aux disciples rassemblés sur la montagne, ce qui sera confirmé dans quelques jours seulement par le don de l’Esprit Saint lors de la solennité de la Pentecôte. 

En deux mots, la solennité de l’Ascension n’est pas la fin de la vie de Jésus mais bien le début de sa présence nouvelle et éternelle parmi nous par le don de l’Esprit Saint, dans l’Église.  Cette présence se mesure encore aujourd’hui par notre engagement et notre fidélité à mettre en pratique la recommandation du Seigneur à ses disciples : « Faites des disciples, baptisez-les et apprenez-leur à observer tout ce que je vous ai enseigné. »
Nous ne sommes malheureusement pas en mesure présentement de mettre en pratique ce commandement du Seigneur à cause de la pandémie, mais nous pouvons mettre en pratique la recommandation du Seigneur de ne pas quitter l’endroit où nous sommes et d’y attendre patiemment le don de l’Esprit-Saint.  Alors, et alors seulement, plus rien ne pourra nous arrêter.  Pour l’heure, il faut être patient…

samedi 16 mai 2020

'On va passer au travers'

(Actes des Apôtres 8,5-8.14-17)
(1ère Pierre 3,15-18)
(Jean 14,15-21)
Dnalor 01 / CC BY-SA 3.0 AT (https://creativecommons.org/licenses/by-sa/3.0/at/deed.en)

Je me demande bien quelle forme le don de l’Esprit-Saint pourrait-il prendre cette année alors que nous sommes confinés à nos maisons depuis près de 10 semaines déjà!  On ne peut pas aller très loin, on ne peut pas faire grand-chose, et toutes nos énergies sont dépensées à simplement garder le moral.  Alors je vous propose ce matin de comprendre la promesse que Jésus nous fait de ne pas nous laisser orphelin dans le sens d’une libération de la monotonie et de l’ennuie qui nous affligent présentement.  Car si l’Esprit Saint est vraiment le Défenseur, l’Avocat et l’aide surnaturelle promise par Jésus, pourquoi ne pas en faire une lecture adaptée à notre condition en ce dimanche?  Voyons voir…
L’association des médecins psychiatres du Québec a publié une série de recommandations pour survivre au confinement du COVID-19.  Je l’appellerais ‘le kit de survie contre la pandémie’. Ces spécialistes eux parlent d’une série de conseils pour garder la santé mentale durant la quarantaine.  Après tout, l’être humain a bien un corps, une âme et un esprit.  Et comme tout se tient chez l’humain, ça devrait bien pouvoir nous aider un peu.
Les spécialistes nous recommandent d’abord de ne pas trop consommer de nouvelles car ça peut en venir à amplifier exagérément le sentiment de menace et de danger.
2e, dormir de manière la plus régulière possible.  Coucher tôt, lever tôt, autant que possible.
3e, continuer à faire de l’activité physique au moins 30 minutes par jour.
4e, explorer de nouvelles activités de loisirs : chanter, parler une autre langue, cuisiner, dessiner, danser, bricoler, etc.
5e, garder contact avec les ami(e)s.
6e, faire des activités qui procurent un sentiment de maîtrise : faire son lit, faire la vaisselle, faire sa toilette tous les matins.
7e, Profiter du temps à la maison pour faire les projets souvent remis au lendemain : réorganiser la cuisine, faire le ménage, repeindre, cuisiner et congeler de bons petits plats.
8e, s’accorder des moments de solitude pendant la journée.  Et j’ajoute, pourquoi pas en profiter pour prier ou faire une lecture méditative de la Bible?
9e, si vous avez des enfants, créer de la routine.
Et enfin, pratiquer un exercice stimulant à chaque soir : celui de trouver trois choses qui se sont bien passées durant la journée.

On raconte dans la première lecture que lorsque Philippe a annoncé la Bonne Nouvelle aux samaritains, il y eut une grande joie chez eux, des paralysés et des boiteux étaient guéris et beaucoup de possédés étaient délivrés des esprits impurs qui sortaient en poussant de grands cris.
St Pierre lui dans la 2e lecture nous demande de rendre raison de l’espérance qui est en nous et de le faire avec douceur et respect, en faisant le bien.
L’Esprit Saint nous révèle le vrai sens des événements, nous affermit dans nos convictions et nous fait regarder l’avenir avec confiance. Ma foi, ma maison et votre maison pourraient bien devenir le lieu d’une nouvelle Pentecôte!

samedi 9 mai 2020

"Pour aller où je vais, vous savez le chemin." (Jean 14,1-12)


(Actes 6,1-7)
(1ère Pierre 2,4-9)
(Jean 14,1-12)
Quand on dit à propos de quelqu’un : « Celui-là, celle-là, elle sait où elle s’en va », c’est un compliment, n’est-ce pas?  Le contraire est vrai aussi : si on dit à propos de quelqu’un : « Il/elle sait pas où elle va », ce n’est pas un compliment.  Avoir confiance en soi et être maître de son destin sont des signes de maturité et de maîtrise de soi.  Quand quelqu’un sait où il s’en va, c’est plus facile de se mettre à sa suite que de suivre quelqu’un qui n’est pas trop sûr.

Jésus dans la page de l’évangile de ce dimanche démontre qu’il sait où il s’en va.  Il est en train de dire à ses disciples : « Suivez-moi et je vais vous montrer le chemin. »  Les disciples eux veulent aussi montrer qu’ils savent où ils s’en vont.  Ils veulent montrer qu’ils sont capables de se diriger tous seuls!  C’est pour ça que Thomas dit : « Dis-nous où tu vas et on trouvera bien le chemin. »  Or, Jésus ne parlait pas comme pour dire : « On se donne rendez-vous à tel endroit. Vous pouvez passer par où vous voulez pourvu qu’on se retrouve à tel endroit, à telle heure. »  Non!  Jésus est en train de dire : « Suivez-moi car je connais le chemin. »  Il veut de la compagnie.  Il veut qu’on marche avec lui.
Je trouve que ce qui se passe présentement dans notre société peut vraiment nous enseigner quelque chose.  On a entendu très souvent les experts en estime de soi nous dire que tout est possible quand on croit en ses capacités.  L’autonomie de l’individu est devenue une loi sacro-sainte de notre société.  « Tu veux, tu peux » est le slogan sur toutes les lèvres.  On a appris depuis 8 semaines que cette loi n’est pas aussi prévalente qu’on le pensait.  On a appris que parfois il faut laisser les choses aller.  On n’a pas le contrôle absolu sur tout.  Pourtant, quelqu’un doit bien avoir le contrôle, n’est-ce pas?
Évidemment, vous voyez où je m’en viens avec mes skis – la réponse est bien sûr : « Jésus ».  Lui il sait où il va.  Cependant, sa présence parmi nous n’est pas aussi évidente qu’au moment du récit de l’évangile de ce dimanche.  Par contre, nous avons ce matin en première lecture le récit d’une première remise en question dans la jeune communauté chrétienne une fois que Jésus est parti.  Les disciples ne savent plus où donner de la tête et ils ne peuvent être là pour tout le monde.  Que font-ils alors?  Ils prient.  Jésus se rend présent à eux par le discernement dans la prière.
Alors, en temps de pandémie et en attente que les restrictions sévères qui nous sont imposées soient enfin un peu allégées, prions.  Prions et demandons la résilience, la patience, la persévérance et l’abandon à la Divine Providence.  Soyons forts, soyons courageux, soyons obéissants.

Il est remarquable de constater dans la première lecture qu’après avoir choisi les 7 pour le service du prochain, St Luc mentionne aussitôt que beaucoup parvenaient à l’obéissance de la foi.  Le même terme revient dans la deuxième lecture : il faut obéir à la Parole de Dieu.  Obéir ici ne veut pas dire ‘s’anéantir devant l’autorité’.  Obéir, ça veut dire faire confiance à celui qui nous dit : « Pour aller où je vais, vous savez le chemin, alors suivez-moi. »

Aujourd’hui c’est la fête des mères.  Nos mamans sont des exemples extraordinaires pour leur capacité à s’adapter à toutes circonstances : pas un seul bobo à un de leurs enfants ne trouvera de réponse appropriée.
Ce matin, remercions le Seigneur pour le don de nos mamans.  Pour certains d’entre vous, il faut vous tourner vers le ciel, pour d’autres vous pouvez facilement la regarder les yeux dans les yeux en ce  moment précis, et pour d’autres enfin (et c’est mon cas), il faut le faire à distance en cette période de confinement.  Et donc, je salue ma maman qui me regarde peut-être à la maison sur sa tablette à la ville de Québec et je salue aussi toutes les autres mamans qui nous écoutent ce matin et je vous offre à toutes un gros bec!  Bonne fête des mères!