samedi 23 mai 2020

L'Ascension du Seigneur


(Actes 1,1-11)
(Matthieu 28,16-20)

Pour comprendre la portée de la solennité du jour, celle de l’Ascension du Seigneur au ciel, il va nous falloir apporter quelques éclaircissements par rapport à notre conception du monde.  Vous vous rappelez tous la télésérie Star Trek, qui a été très populaire dans les années 60?  Vous vous rappelez un des effets spéciaux les plus spectaculaires de la télésérie – celui de la téléportation?  C’était de la science-fiction mais on comprend le principe : comme on ne pas peut être présent à deux endroits en même temps, la téléportation nous permet de nous déplacer dans le temps et l’espace de manière accéléré en interrompant les lois de la matière.
L’Ascension du Seigneur au ciel est tout sauf ça!  Et pourtant, c’est bien là la manière naturelle de la comprendre… En son Ascension Jésus pourrait donner l’impression de monter au ciel comme une soucoupe volante.  On le regarderait s’élever d’en bas pendant que lui nous regarderait d’en haut…  C’est d’ailleurs comme ça que le décrit St Luc dans la première lecture tiré du livre des Actes des Apôtres.  Notez cependant comment dans l’évangile selon St Matthieu il est nulle part mention que Jésus serait monté vers le ciel…  Les versets que nous avons entendu dans l’évangile sont effectivement les derniers versets de l’évangile et ici Jésus nous dit : « je suis avec vous tous les jours jusqu’à la fin du monde. »  Mais alors, c’est quoi l’Ascension?
Pour y répondre, il faudra que je m’inspire de quelques explications offertes par Mgr Robert Barron, le célèbre évêque américain, qui nous explique que la conception du monde pour les Juifs (le peuple auquel s’adressait Matthieu dans son évangile) est totalement différente de la nôtre.  Pour nous, le ciel est synonyme de cosmos, de constellations, d’étoiles et d’univers insoupçonné.  Pour un Juif religieux, le ciel est le lieu où se trouve Dieu et ses anges.  L’espace entre le ciel et la terre est le canal par lequel passe la vie qui unit les deux mondes.  Bref, nous ne sommes pas dans le domaine de la science astronomique mais bien dans le domaine de la foi.
Et le domaine de la foi, qu’elle soit la foi juive ou la foi chrétienne, est de nous rappeler que nous sommes aimés et que nous sommes sauvés par l’amour que Dieu nous offre à nous son Peuple.  Cette annonce passe par la recherche quotidienne qui est la nôtre de comprendre et d’accepter la volonté de Dieu comme nous le prions si bien dans la prière du Notre Père : « que ta volonté soit faite sur la terre comme au ciel. »  La terre et le ciel sont unis dans un destin commun - celui du lieu où s’accomplit la volonté du Seigneur.
Et ainsi, il n’y a aucune recherche d’une fuite du monde de notre part, ou même de la part du Seigneur Jésus, car ce que nous cherchons ultimement est que la volonté du Seigneur soit faite sur la terre comme au ciel.   En fait, Jésus retourne bien vers son Père mais c’est pour mieux être présent parmi nous comme il le promet aux disciples rassemblés sur la montagne, ce qui sera confirmé dans quelques jours seulement par le don de l’Esprit Saint lors de la solennité de la Pentecôte. 

En deux mots, la solennité de l’Ascension n’est pas la fin de la vie de Jésus mais bien le début de sa présence nouvelle et éternelle parmi nous par le don de l’Esprit Saint, dans l’Église.  Cette présence se mesure encore aujourd’hui par notre engagement et notre fidélité à mettre en pratique la recommandation du Seigneur à ses disciples : « Faites des disciples, baptisez-les et apprenez-leur à observer tout ce que je vous ai enseigné. »
Nous ne sommes malheureusement pas en mesure présentement de mettre en pratique ce commandement du Seigneur à cause de la pandémie, mais nous pouvons mettre en pratique la recommandation du Seigneur de ne pas quitter l’endroit où nous sommes et d’y attendre patiemment le don de l’Esprit-Saint.  Alors, et alors seulement, plus rien ne pourra nous arrêter.  Pour l’heure, il faut être patient…

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