(2e Rois 4,8-11.14-16a)
(Matthieu 10,37-42)
La demande de Jésus dans l’évangile nous laisse
perplexe : comment est-ce possible de penser que nous mettre à la suite de
Jésus pourrait impliquer que nous ayons à nous éloigner de nos familles? N’est-ce pas un peu exagéré?
Vous savez que ce n’est pas la première fois que Jésus
demande des choses qui apparaissent difficiles à accepter et qui peuvent même
nous choquer, comme par exemple : « Si ton œil droit entraine ta
chute, arrache-le. Et si ta main droite
entraine ta chute, coupe-la et jette-la loin de toi. Si quelqu’un te gifle sur la joue droite,
tends-lui encore l’autre. » Et
même : « Celui d’entre vous qui ne renonce pas à tout ce qui lui
appartient ne peut pas être mon disciple. »
Alors, est-ce que Jésus pense vraiment ce qu’il
dit? Est-il sérieux? En ceci comme en beaucoup de choses,
lorsqu’on parle de la Bible, il faut faire attention de tout prendre au pied de
la lettre. Le contexte est aussi
important que ce qui est dit. Et comment
donc? Permettez-moi de prendre un
exemple.
On sait comment les sacrements sont importants dans la
vie de l’Église. Tellement important que la loi officielle de
l’Église est que rien, absolument rien, ne devrait empêcher les fidèles de
recevoir la communion. C’est écrit noir
sur blanc. Et pourtant, nous avons
constaté durant la pandémie que nos évêques ont été les premiers à nous
demander de fermer nos églises. Ils nous
ont aussi encouragés à faire ce qu’on appelle ‘des communions spirituelles’ à
défaut de ne pouvoir participer à l’Eucharistie. Est-ce que ça voulait dire que la messe
n’était plus importante? Sûrement
pas. Est-ce que ça voulait dire que l’Église
se mettait à genoux devant le pouvoir civil qui pouvait lui demander n’importe
quoi et que dorénavant l’État devenait maître de la vie spirituelle des
gens? Certains l’ont affirmé mais je ne
crois que ce soit le cas. Est-ce que ça
voulait dire que la communion spirituelle était aussi bonne que la communion
sacramentelle? On a jamais dit ça non
plus. Et alors? Et alors, l’Église a répondu de la manière
qu’elle croyait juste à une situation exceptionnelle qui demandait des prises
de position exceptionnelles.
Ainsi donc, quand Jésus demande de s’éloigner de nos
familles, il faisait certainement allusion à ce qui allait se passer quelques
années après sa mort et à sa résurrection, à savoir que la Foi des gens à sa
mission allait diviser les familles et que si cela devait arriver, et bien, il
fallait qu’il en soit ainsi. Et
l’histoire l’a confirmé : non seulement en Palestine, mais dans tout
l’Empire Romain. Il fallait donc que les
premiers chrétiens soient courageux et qu’ils acceptent l’impensable.
Aujourd’hui, nous vivons dans une société un peu plus
tolérante que celle de l’Antiquité. La
nécessité de s’éloigner de nos familles pour l’amour de Jésus ne risque pas
d’avoir à se répéter mais si ça devait être nécessaire, alors il ne faut pas
hésiter à le faire.
En fin de compte, ce qu’on apprend ici c’est que la
charité est la loi suprême de l’Église.
La charité qui vient de Dieu nous oblige à nous éloigner de tout ce qui
pourrait nous empêcher de l’exercer, même nos propres familles. La charité nous engage à l’exercer envers nos
frères et sœurs comme la femme de Sunam qui n’a pas hésité à ouvrir sa demeure
pour le prophète Élisée comme nous l’avons entendu dans la première
lecture. La charité nous engage à faire
comme Jésus nous enseigne dans l’évangile : l’accueillir lui, chez nous,
de même que ses messagers; donner à boire, accueillir et servir, au nom de
Jésus. Tout cela ne restera pas sans
récompense.
Cette attitude pourra ensuite justifier la demande des
évêques de fermer nos églises alors qu’eux-mêmes affirmaient que c’était dans
un esprit de charité et par souci de nos frères et sœurs que nous devions
prendre cette mesure extraordinaire.
Rendons grâce à Dieu que l’Évangile de Jésus Christ
soit une parole vivante qui répond à différents défis, à différentes époques
avec toujours autant de cohérence.
Puissions-nous en avoir autant!
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