samedi 25 juillet 2020

Créons des liens - messe d'au revoir


(1er livre des Rois 3,5.7-12)
(Matthieu 13,44-52)
Créer des relations signifiantes est un des secrets pour vivre une vie heureuse.  Ces relations commencent évidemment à l’intérieur de la famille.  La relation change au fur et à mesure que le temps passe, mais dès le moment de la conception dans le sein de la mère (ou au moment de la confirmation de la conception) il y a un lien qui se crée et que rien ne pourra défaire.
Il y a aussi les relations d’amitié que nous tissons les uns avec les autres au fil des années.  Certaines de ces amitiés ne durent qu’un temps, d’autres peuvent durer des années, voire des décennies.  Nous changeons, nos amis changent et il y aura toujours des ajustements.
Il y aussi bien sûr les relations amoureuses.  Elles suscitent les sentiments les plus forts chez l’être humain.  Elles peuvent construire ou bien détruire.  Elles peuvent élever l’âme ou lui faire beaucoup de mal.  Toujours est-il, c’est naturel pour l’être humain d’aimer et d’être humain, même au prix de souffrances.  Elles seront toujours semences d’un bonheur plus grand.
Enfin, il y a des relations professionnelles qu’on établit avec des collègues de travail.  Quand on change d’emploi, la plupart de ces liens vont cesser mais ils peuvent aussi parfois continuer dans le temps.
J’ai comme l’impression qu’au cours des 5 dernières années, vous et moi, nous avons établi des liens qui sont un peu des quatre relations (à part la relation amoureuse – je crois).  Nous avons au départ établi une relation professionnelle qui, dans certains cas s’est transformé en amitié et voire même en relation quasi-familiale.
En effet, quand dans une relation professionnelle on en vient à partager des moments aussi intimes que les naissances, les rites de passage, les moments marquants de la vie, jusqu’au vieillissement et éventuellement la mort, on en vient presque à faire partie d’une même famille.  N’est-ce pas d’ailleurs ce que devrait être une paroisse : une famille, une famille spirituelle certes, mais une famille quand même?
J’ai le cœur un peu gros ce matin car il me faut vous dire au revoir.  Je ne crois pas que ce soient des adieux.  Je me base sur le fait que la plupart de mes prédécesseurs ont gardé des liens à différents degrés avec vous.  Pourquoi pas moi?
Pour être honnête avec vous, je ne comprends pas très bien pourquoi les événements se produisent de cette manière. Pourquoi est-ce nécessaire pour moi de vous quitter alors que nous étions sur l’air d’aller.  Je connais plusieurs d’entre vous sur deux ou trois générations, pourquoi ne pas continuer à capitaliser sur cet atout pour les années à venir?
Cependant, comme je le disais la semaine dernière, je vous ai donné mon 110%, surtout depuis six mois.  Je ne vois pas comment je pourrais faire mieux dans l’avenir.  Si je restais ici, peut-être que je ne m’améliorerais pas vraiment; et pour vous, peut-être que la vie deviendrait trop facile avec moi.
J’aimerais vous remercier encore une fois de m’avoir ouvert votre cœur durant ces 5 années.  Vous ne l’avez pas fait tout de suite au début, mais nous avons appris à grandir ensemble et nous avons fait un beau bout de chemin.  C’est le temps de passer le flambeau à quelqu’un d’autre et je suis certain que vous allez accueillir le P. Didier et tous les autres qui viendront après comme vous m’avez accueilli moi et tous les autres qui sont passés avant moi.
J’aimerais bien moi aussi, comme vous, continuer à bâtir le Royaume des Cieux sur la terre en m’inspirant des enseignements de Jésus dans l’évangile.  J’aimerais bien, moi aussi, comme vous, adresser à Dieu la prière de Salomon dans la première lecture : je ne demande pas de vivre de longs jours ou bien la richesse et je ne désire pas le malheur pour ceux qui m’aiment moins.  Comme vous, je demande le discernement, l’art d’être attentif et de bien gérer pour m’occuper d’un peuple très nombreux que je dois apprendre à connaître.
Après tout, le secret du bonheur est de créer des relations, alors, créons-en!

(Cette homélie est la dernière que je publie sur cette page.  Je vous remercie de votre fidélité durant toutes ces années)

samedi 11 juillet 2020

La semence, la pluie et nous



(Isaïe 55,1-10)
(Romains 8,18-23)
(Matthieu 13,1-23)
Non mais y as-tu fait chaud un peu cette semaine!  Presque 37 degré celsius vendredi.  Il faisait tellement chaud que la peau me fondait sur le corps.  Quiconque ose prétendre qu’il n’y a pas de changement climatique ferait mieux de réviser leur position car, au train où vont les choses, il va falloir quitter notre planète pour aller s’établir sur la lune ou sur mars tellement il faut chaud!....  Oui c’est vrai, je ne parlerai pas comme ça au mois de janvier.  J’ai toujours tendance à exagérer.  En tout cas, les cultivateurs sont nerveux.  J’ai entendu des commentaires à l’effet que s’il ne pleut pas d’ici quelques jours, plusieurs récoltes pourraient être compromises.  Si vous le voulez bien, je vous propose une interprétation écologique et environnementale des textes de ce jour.  Je m’inspire d’ailleurs d’une suggestion de Georges Madore qu’il l’a proposé récemment.
Le fait est que les trois lectures font référence à la nature.  La pluie qui féconde la terre en première lecture (et Dieu sait si on en a besoin de la pluie!); la pluie qui bénit dans le psaume; la création qui gémit dans les douleurs d’un enfantement dans la 2e lecture et enfin, la semence répandue qui est à la merci de la terre qui la reçoit dans l’évangile.
Je vous propose de voir ici un parallèle entre l’écologie de la terre et l’écologie de la foi : les deux sont un don de Dieu, mais les deux sont aussi à la merci de notre liberté.  Et c’est bien la liberté qui est mise en évidence ici, aussi bien dans le domaine de la foi que dans le domaine de l’écologie responsable.  On ne peut pas ‘imposer’ la pratique et l’expression de la foi.  On ne peut que la proposer pour qu’elle soit ensuite choisie.  De même, on ne peut pas seulement ‘imposer’ des mesures coercitives pour essayer de changer les choses dans le domaine de l’environnement, car alors, il n’y aura aucun changement sur le fond.

Comme le disait si bien le pape François, ‘tout y est lié’.  On ne peut pas penser prendre soin de l’environnement de manière authentique si on ne se rappelle pas les injustices flagrantes qui affligent une partie de l’humanité.  Les inégalités entre pauvres et riches sont aussi scandaleuses que l’esprit de consommation des pays riches qui menacent précisément notre environnement.  Et on ne peut pas prendre soin de la terre si on n’a aucune considération pour celui qui l’a créé : Dieu.

Voyez comment les lectures de ce dimanche prennent une signification quasi universelle quand on les comprend d’une manière globale.  La pluie du ciel tombe et fait porter du fruit au sol.  Ainsi la Parole de Dieu tombe du ciel et nous fait porter du fruit par nos bonnes actions d’inspiration évangélique.  La création passe par un enfantement qui se continue encore aujourd’hui, comme pour indiquer que rien n’est perdu si on y met du nôtre.  Dans l’évangile, le semeur c’est Dieu qui sème généreusement et qui ne regarde même pas sur quel type de sol la semence se dépose.  Nous on appellerait ça du gaspillage, mais pour le semeur, il démontre lui une confiance exceptionnelle envers les capacités du sol à porter du fruit.
Et on l’aura compris, nous, nous sommes le sol qui reçoit la semence.  Serons-nous le bord du chemin, le sol pierreux, les ronces ou bien la bonne terre?  La réponse est à nous : la semence s’en vient, la pluie aussi, puissions-nous porter du fruit!

samedi 4 juillet 2020

Restons petits et nous serons heureux. (Matthieu 11,25-30)


(Zacharie 9,9-10)
(Matthieu 11,25-30)
Auriez-vous besoin d’un petit remontant ce matin par hasard?  Un petit remontant durant le temps des vacances et en temps de pandémie?  Quelque chose comme une bonne limonade fraiche?  Ou un Milkshake bien brassé?  Ou encore un smoothie santé, ou bien un bon café matinal?  Ou encore une bonne bière froide?  Eh bien, Jésus nous offre ce petit remontant ce matin en nous offrant trois affirmations qui nous consolent et nous réconfortent.

À titre d’introduction, je ne peux pas m’empêcher de souligner que le verset 10 du chapitre 9 du livre de Zacharie en première lecture est un passage qui reproduit mot pour mot le psaume 72 verset 8 : « Sa domination s’étendra d’une mer à l’autre. »  Comme vous le savez, ce verset du psaume 72 a fait son chemin jusque dans les armoiries de notre pays : a mari usque ad mare – d’un océan à l’autre. Quand Zacharie parle d’un roi qui établira la paix entre les nations, il utilise le passage d’un psaume dont on attribue la composition au grand roi David.  Alors que nous venons juste de célébrer la fête du Canada, il me semble que ça fait du bien de savoir que les promesses messianiques nous concernent nous aussi personnellement ici au Canada.  Bien… une fois que l’introduction est faite, passons maintenant aux trois petits remontants de Jésus dans l’évangile.

Le premier : « ce qui est caché aux sages et aux savants, est révélé aux tout-petits ».  Et le verset de l’acclamation à l’évangile ajoute que ce sont les mystères du Royaume qui leur sont révélés.  Ne pourrions-nous pas faire un lien avec la promesse du Seigneur dans le livre de Zacharie qui nous annonce la paix d’un bout à l’autre du pays?  Et n’est-ce pas vrai que ce ne sont jamais les tout-petits qui font la guerre mais ceux qui se pensent grands et forts?  Alors, restons petits et nous serons heureux.
Deuxième petit remontant : « Personne ne connait le Fils, sinon le Père, et personne ne connait le Père, sinon le Fils, et celui à qui le Fils veut le révéler. »  Ici, Jésus nous dit que ça ne sert à rien de jouer les savants et les forts car c’est lui qui a choisi à qui il veut se révéler et il vient juste de nous dire qu’il se révèle aux tout-petits.  Alors, restons petits et nous serons heureux.
Troisième petit remontant, Jésus dit : « Venez à moi, vous tous qui peinez sous le poids du fardeau, et moi, je vous procurerai le repos.  Prenez sur vous mon joug, devenez mes disciples, car je suis doux et humble de cœur.  Oui, mon joug est facile à porter et mon fardeau, léger. »  Deux choses ici : primo, le fardeau que nous avons à porter, Jésus le porte avec nous car il s’agit bien de son joug à lui et secondo, quand nous aurons fini de le porter ce joug, Jésus nous attend pour nous consoler, nous réconforter et nous récompenser.  Alors, restons petits, portons notre fardeau, et nous serons heureux.

samedi 27 juin 2020

"Celui qui aime son père ou sa mère plus que moi n'est pas digne de moi." (Matthieu 10,37)


(2e Rois 4,8-11.14-16a)
(Matthieu 10,37-42)
La demande de Jésus dans l’évangile nous laisse perplexe : comment est-ce possible de penser que nous mettre à la suite de Jésus pourrait impliquer que nous ayons à nous éloigner de nos familles?  N’est-ce pas un peu exagéré?
Vous savez que ce n’est pas la première fois que Jésus demande des choses qui apparaissent difficiles à accepter et qui peuvent même nous choquer, comme par exemple : « Si ton œil droit entraine ta chute, arrache-le.  Et si ta main droite entraine ta chute, coupe-la et jette-la loin de toi.  Si quelqu’un te gifle sur la joue droite, tends-lui encore l’autre. »  Et même : « Celui d’entre vous qui ne renonce pas à tout ce qui lui appartient ne peut pas être mon disciple. »
Alors, est-ce que Jésus pense vraiment ce qu’il dit?  Est-il sérieux?  En ceci comme en beaucoup de choses, lorsqu’on parle de la Bible, il faut faire attention de tout prendre au pied de la lettre.  Le contexte est aussi important que ce qui est dit.  Et comment donc?  Permettez-moi de prendre un exemple. 
On sait comment les sacrements sont importants dans la vie de l’Église.  Tellement  important que la loi officielle de l’Église est que rien, absolument rien, ne devrait empêcher les fidèles de recevoir la communion.  C’est écrit noir sur blanc.  Et pourtant, nous avons constaté durant la pandémie que nos évêques ont été les premiers à nous demander de fermer nos églises.  Ils nous ont aussi encouragés à faire ce qu’on appelle ‘des communions spirituelles’ à défaut de ne pouvoir participer à l’Eucharistie.  Est-ce que ça voulait dire que la messe n’était plus importante?  Sûrement pas.  Est-ce que ça voulait dire que l’Église se mettait à genoux devant le pouvoir civil qui pouvait lui demander n’importe quoi et que dorénavant l’État devenait maître de la vie spirituelle des gens?  Certains l’ont affirmé mais je ne crois que ce soit le cas.  Est-ce que ça voulait dire que la communion spirituelle était aussi bonne que la communion sacramentelle?  On a jamais dit ça non plus.  Et alors?  Et alors, l’Église a répondu de la manière qu’elle croyait juste à une situation exceptionnelle qui demandait des prises de position exceptionnelles.
Ainsi donc, quand Jésus demande de s’éloigner de nos familles, il faisait certainement allusion à ce qui allait se passer quelques années après sa mort et à sa résurrection, à savoir que la Foi des gens à sa mission allait diviser les familles et que si cela devait arriver, et bien, il fallait qu’il en soit ainsi.  Et l’histoire l’a confirmé : non seulement en Palestine, mais dans tout l’Empire Romain.  Il fallait donc que les premiers chrétiens soient courageux et qu’ils acceptent l’impensable.
Aujourd’hui, nous vivons dans une société un peu plus tolérante que celle de l’Antiquité.  La nécessité de s’éloigner de nos familles pour l’amour de Jésus ne risque pas d’avoir à se répéter mais si ça devait être nécessaire, alors il ne faut pas hésiter à le faire.

En fin de compte, ce qu’on apprend ici c’est que la charité est la loi suprême de l’Église.  La charité qui vient de Dieu nous oblige à nous éloigner de tout ce qui pourrait nous empêcher de l’exercer, même nos propres familles.  La charité nous engage à l’exercer envers nos frères et sœurs comme la femme de Sunam qui n’a pas hésité à ouvrir sa demeure pour le prophète Élisée comme nous l’avons entendu dans la première lecture.  La charité nous engage à faire comme Jésus nous enseigne dans l’évangile : l’accueillir lui, chez nous, de même que ses messagers; donner à boire, accueillir et servir, au nom de Jésus.  Tout cela ne restera pas sans récompense.
Cette attitude pourra ensuite justifier la demande des évêques de fermer nos églises alors qu’eux-mêmes affirmaient que c’était dans un esprit de charité et par souci de nos frères et sœurs que nous devions prendre cette mesure extraordinaire.
Rendons grâce à Dieu que l’Évangile de Jésus Christ soit une parole vivante qui répond à différents défis, à différentes époques avec toujours autant de cohérence.  Puissions-nous en avoir autant!

samedi 20 juin 2020

« Même les cheveux de votre tête sont tous comptés. »




(Jérémie 20,10-13)
(Matthieu 10,26-33)
J’ai vécu une de mes plus belles journées de ma vie cette semaine : je me suis fait couper les cheveux.  Ça fait vraiment du bien.  J’ai découvert durant la pandémie à ma plus grande surprise que mes cheveux frisent en arrière de la tête : pas au point du jeune garçon dans le défilé de la St-Jean-Baptiste mais des cheveux ondulés tout de même.
On est tous très fier de notre chevelure, n’est-ce pas?  Même les dames.  Surtout les dames, je crois.  Vous avez eu à vivre un véritable calvaire depuis le début de la pandémie.  Comment survivre au fait qu’on nous refuse une belle coiffure pendant des semaines?  Évidemment, les plus vertueux d’entre nous nous pourrions leur faire la leçon en disant qu’il y a des choses bien plus importantes dans la vie que notre chevelure, ce à quoi ces personnes pourraient très bien répondre ce que Jésus dit dans l’évangile : « Même les cheveux de votre tête sont tous comptés. »  Quand on est rendu à ce stade-là, ça devient assez sérieux…
On fait bien des blagues ici mais n’en demeure pas moins que Jésus veut faire passer son message et il utilise des images fortes pour être sûr qu’on comprend tout de suite la première fois et qu’il n’aura pas besoin de répéter.  Et que veux-t-il dire au juste?
Vous aurez remarqué que le mot ‘craindre’  revient quatre fois dans l’évangile.  On utilise pas souvent ce verbe.  On lui préfère l’expression ‘avoir peur’.  Vous pourriez essayer de changer le mot ‘craindre’ par le mot ‘avoir peur’ dans l’évangile et ça marcherait dans tous les cas sauf qu’on manquerait la nuance qu’apporte le verbe ‘craindre’ à son cousin ‘avoir peur’.  Il s’agit d’un des sept dons de l’Esprit Saint qu’on désigne comme ‘la crainte de Dieu’.  Or, ce don de l’Esprit-Saint on ne l’appelle pas ‘la peur de Dieu’.  La peur et la crainte ne sont pas la même chose.
Le philosophe français Denis Diderot l’exprimait ainsi : « Il y a des gens dont il ne faut pas dire qu'ils craignent Dieu mais bien qu'ils en ont peur. »  Et la crainte de Dieu, ce n’est certainement pas ça.  On lit plutôt dans le livre des Proverbes : « Le savoir commence avec la crainte du Seigneur ».  Or, quand on ‘sait’ quelque chose ou bien qu’on l’a appris comme quand on va à l’école, on ne peut prétendre ne pas savoir.  Vous connaissez probablement des gens qui réagissent exactement comme ça.  Quand ils veulent se démobiliser d’une situation parce qu’ils ne veulent pas se compromettre, ils disent : « Je ne sais rien.  J’y comprends rien. »  C’est pas très courageux…
Jésus est train de dire : ne jouez pas ce petit jeu avec le Seigneur.  Il faut avoir le courage de nos convictions.  Il faut être prêt à les défendre.  Il faut aussi les connaitre et une fois qu’on les connait, on peut s’en aller en s’excusant : « C’est pas pour moi. »  Voilà pourquoi le mot ‘craindre’ est si important dans l’évangile d’aujourd’hui parce que Jésus nous dit: « Devenir mon disciple, c’est sérieux ».
Si vous avez un peu peur du ton de cette lecture, n’ayez pas peur : moi aussi.  En tout cas, je me console en me disant que la tonne de chevelure que j’ai laissée chez le barbier vendredi n’est pas tombée pour rien.  Et ça, ça me fait vraiment du bien!

samedi 13 juin 2020

La Fête-Dieu - les bienfaits du jeûne

Le jeûne de nourriture est pas très populaire de nos jours, n’est-ce pas?  Même Angèle Arsenault le chantait dans une chanson célèbre des années 70: « Je suis ben partout quand je mange; Quand je m'ennuie moi je mange; Même dans mon lit moi je mange ».  On mange même quand on a pas vraiment faim et aussitôt qu’un petit sentiment de faim ou un mal de tête apparaît on se dit : « Il faut que je mange. Ça va passer. »
La docteure Françoise Wilhelmi de Toledo, médecin et directrice de cliniques médicales en Allemagne et en Espagne se spécialise dans la supervision de cures de jeûne depuis 35 ans. Elle est l’auteure d’un livre intitulé : L’art de jeûner.  Dans ce livre, elle explique que le jeûne de nourriture apporte de nombreux bienfaits au corps humain.  Il permettrait entre autre de régulariser la tension artérielle, le diabète et les maladies cardiovasculaires.  Il réduirait la fatigue, les maux de tête et les problèmes d’obésité.  Il aurait même un effet positif sur les maladies inflammatoires comme l’arthrite, l’asthme et les maladies digestives.  Enfin, le jeûne aurait un impact positif sur notre santé mentale.  Bref, il n’y a aucune raison pour laquelle il faudrait nous priver de jeûner.
Autrefois dans l’Église, le jeûne était omniprésent.  Vous rappelez-vous quand on vous demandait de jeûner pendant toute une nuit avant de faire la communion du lendemain?  Vous rappelez-vous les jeûnes du Carême ou les 40 heures de prière, d’adoration et de jeûne?  On ne parle plus beaucoup de cela aujourd'hui.  On dirait qu’il ne faut plus jeûner.

En tout cas, on vous a demandé de jeûner de la communion pendant longtemps, n’est-ce pas?  La dernière fois que nous nous sommes rassemblés ici pour la messe dominicale, c’était le 8 mars dernier, c’est-à-dire il y a exactement 99 jours de cela.  Un long jeûne, n’est-ce pas?  Le problème avec le jeûne, c’est justement qu’il doit durer qu’un temps.  On ne peut pas jeûner tout le temps, à l’année longue.  À un moment donné, il faudra manger, sans tomber dans la gourmandise, évidemment.
Pas de danger de tomber dans la gourmandise de la communion, mais vous et moi on est heureux (ce matin) de pouvoir enfin recevoir la communion, notre nourriture spirituelle dont notre âme a besoin.  On en a rêvé pendant 99 jours.  Le jeûne est terminé.  C’est le temps de fêter!
Bonne fête du Saint-Sacrement du Corps et du Sang du Christ!

samedi 6 juin 2020

La Sainte Trinité - un exemple pour la conduite de nos familles et nos communautés



Nous célébrons aujourd’hui la solennité de la Sainte Trinité.  Nous en trouvons l’expression la plus simple et la plus familière dans un geste qui fait partie de notre vie quotidienne de croyants et de croyantes : il s’agit du signe de la croix.  Nous faisons très souvent le signe de la croix au cours de la journée : avant et après une prière, en passant devant une église, un cimetière ou une croix de chemin.  Mais bien que nous faisons le signe de la croix très souvent, il arrive un peu moins souvent qu’on l’accompagne de ces mots : « Au nom du Père et du Fils et du Saint-Esprit. »  Ce sont là les mots qui accompagnent le signe de la croix et nous avons ici une allusion directe au mystère de la Sainte Trinité dont nous célébrons la solennité en ce jour.
C’est donc dire que la Trinité nous est beaucoup plus familière qu’on le pensait.  Elle est intimement liée à notre éducation religieuse et à l’expression la plus fondamentale de notre foi.  Ainsi donc, bien loin de voir la Trinité comme un mystère inaccessible et incompréhensible, il vaudrait beaucoup mieux partir du signe de la croix et de nous dire qu’au fond, la Trinité est quelque chose de familier.  Et j’aime ça utiliser ce mot-ci (familier) car il fait référence à un concept, une idée, qui est intimement lié à celle de la Trinité : à savoir la familiarité des personnes divines qui sont en relation l’une avec l’autre.
Nos familles sont faites de relations aussi : relation de confiance, relation de proximité, relation d’échange, relation de complémentarité.  Une famille où les membres de la famille ne se font pas confiance mutuellement; une famille où les membres de la famille passent jamais du temps ensemble; une famille où il y a aucun échange, que ce soit un échange d’idée, échange de ressource, échange de talent, échange de contribution; ou même enfin une famille où les membres sont en compétition les uns avec les autres sans recherche du bien commun de la famille, c’est une famille dysfonctionnelle.

Voilà donc un bon point de départ pour parler de la Trinité, car la Trinité des personnes divines (le Père, le Fils et le Saint-Esprit) c’est précisément cela : une relation de confiance, de proximité, d’échange et de complémentarité.  La très Sainte Trinité est un exemple pour la santé de nos familles.  On peut s’inspirer de l’unité qui les tient ensemble pour affermir l’unité dans nos propres familles.
Je dirais même que la Trinité peut nous inspirer dans la vie de nos collectivités! Est-ce qu’on ne construit pas nos communautés par la recherche d’une relation de confiance, de proximité, d’échange et de complémentarité entre tous les membres?  N’est-ce pas en faisant ainsi qu’on peut dire que nos communautés sont en santé?  Qu’est-ce qu’on dirait d’une communauté qui rejetterait un groupe ou un individu à cause de ses valeurs, ses croyances, sa religion, sa culture ou la couleur de sa peau?
Cers jours-ci, on voit ce qui se passe chez nos voisins Américains et on aime ça dire qu’heureusement, nous on n’est pas comme eux.  Il ne faudrait pas juger trop vite nos voisins.  Il vaudrait peut-être mieux regarder la poutre dans notre œil avant de regarder la paille dans l’œil du voisin.  Est-ce que nos communautés sont vraiment des lieux où tout le monde se sent accueilli, accepté et sait qu’il peut contribuer à la vie de la collectivité, ou bien ont-ils peur et vont se cacher pour se protéger?

Quand on fait le signe de la croix et qu’on nomme les trois personnes de la Sainte Trinité, nous faisons par ce geste une allusion directe à Jésus qui est mort sur la croix pour nous.  Jésus a payé très cher son désir de vivre sa vie à la recherche de relations de confiance, de proximité, d’échange et de complémentarité.  On l’a tué pour ça.  Ce serait dommage que l’histoire se répète.  Se répète-t-elle peut-être?  Au nom du Père, et du Fils et du Saint-Esprit.  Amen.