Il y a plusieurs manières de saluer et d’engager la
conversation avec les autres. J’ai appris cette semaine qu’au Tibet, tirer la langue était une manière acceptable
de saluer les gens. En Malaysie, on va
vous saluer en vous demandant "Où vas-tu? ». Ce n’est pas vraiment
une question mais la réponse polie à donner est simplement : « Je
prends juste une marche » ou bien « je ne vais nulle part en
particulier. » Mais chez les
anglophones, il y a une manière de saluer avec laquelle j’ai moi-même beaucoup
de difficulté, c’est quand on vous demande : « How are you doing? » Je ne sais jamais quoi répondre… Est-ce qu’il faut que je raconte ma vie?
C’est dans cette
dernière manière de saluer que je vois se déployer le récit de la rencontre des
disciples d’Emmaüs avec cet étranger.
J’ai beaucoup d’admiration pour Jésus pour la manière avec laquelle il
engage la conversation. Remarquez
comment il s’intéresse avec leur vie et les événements qui les préoccupent… Ça aurait été beaucoup plus facile pour lui
de passer directement au commentaire : « Comme vos cœurs sont lent à
croire tout ce que les prophètes ont dit ». Et il aurait pu avoir commencé à leur faire
la leçon tout de suite. Mais non, Jésus
prend son temps. La moitié du récit
porte sur des choses que vous et moi on n’avait même pas besoin
d’entendre. On sait toute l’histoire
depuis le début. Mais c’était important
pour Cléophas et son ami de pouvoir parlé.
C’était important pour Jésus de prendre le temps de les écouter. Je dirais même que c’est parce que Jésus a
pris le temps d’écouter Cléophas et son ami qu’ils ont ensuite pu ouvrir leur
cœur spontanément à cet étranger qui parle si bien au point de le reconnaitre
enfin…
Alors, la prochaine
fois que nous aurons l’impression que les choses ne vont pas assez vite avec
Jésus et qu’il n’exauce pas nos prières, ce serait peut-être une bonne idée de
penser que Jésus désire simplement qu’on lui raconte nos problèmes avant d’exaucer
nos prières. Au lieu de voir Jésus comme
un magicien qui descend du ciel pour mettre les choses à leur place quand on
lui demande, on pourrait bien discerner dans notre conversation avec lui la
solution à nos problèmes qui se révélera tout doucement dans notre cœur.
Je crois que c’était là précisément le parcours de
Cléophas et son ami. Ils ont parlé. Jésus a écouté; pour qu’ensuite ils écoutent
pendant que Jésus parlait. Et tout a
pris son sens au moment même où Jésus a rompu le pain et l’a partagé avec
eux. Alors leurs yeux s’ouvrirent et ils
le reconnurent enfin mais il disparut à leurs regards.
Quand on reconnait Jésus présent près de nous et en
nous, que ce soit sacramentellement ou spirituellement, il disparait à nos yeux,
non pas parce qu’il devient absent mais bien parce qu’il ne peut se rendre
présent que dans la mesure où on prend le temps de lui parler pendant qu’il
nous écoute; qu’on écoute ensuite, pendant qu’il parle, et qu’enfin on le
reconnaisse!
Alors, faisons un autre
bout de chemin avec Jésus cette semaine et apprenons à le reconnaitre là où il
est.
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